Acteurs Publics. « Méritocratie républicaine et égalité réelle »

Notre haute fonction publique se doit d’être aux avant-postes !

Alors qu’elle incarne la République au plus haut niveau de l’Etat, qu’elle engage chaque jour l’avenir de notre pays par ses décisions, notre haute fonction publique ne représente paradoxalement toujours pas la diversité territoriale, sociale et culturelle des citoyens qu’elle a pourtant pour mission de servir. Force est de constater un blocage structurel et persistant dans la diversification de notre élite malgré la forte impulsion donnée ces dernières années par le gouvernement (et que nous saluons !) à travers la multiplication des dispositifs d’égalité des chances (augmentation des classes Talents du service public, montée en puissance du mentorat), la réforme récente de la haute fonction publique ou encore l’ouverture des postes de direction de l’Etat à des agents contractuels venus de tous les horizons.

Parce qu’il prive notre administration de talents compétents, motivés et engagés en faveur du service public, parce qu’il reflète le délitement de notre modèle de méritocratie, parce qu’il est la preuve tangible d’une discrimination systémique et invisible qui rend dans les faits le principe d’égal accès aux emplois publics illusoire, le manque de diversification de notre haute administration nous oblige à agir urgemment et différemment en changeant en profondeur notre paradigme :

Il faut d’abord que l’ambition politique en faveur de la diversité au sein de la haute fonction publique soit directement relayée et effectivement mise en œuvre par l’administration. Pour cela, nos administrations doivent être résolument engagées et convaincues que la diversité ne constitue pas un artefact obligé mais un outil de justice sociale visant à rétablir l’égalité réelle et la méritocratie républicaine. Il en va aussi de la crédibilité de l’Etat : comment imposer aux entreprises des règles en la matière lorsque l’administration ne se les applique pas à elle-même ?

Ensuite, la politique de diversité et d’égalité des chances doit faire sa mue en changeant de logiciel : passer d’un modèle de « charité » à une logique d’« exigence républicaine », d’une méthode de gestion par corps à un impératif d’efficacité de l’action publique.

Enfin, il faut libérer nos administrations dans la gestion de leurs ressources humaines en redonnant au statut de la fonction publique sa vocation d’instrument au service d’un recrutement méritocratique et d’excellence et non pas d’un carcan dévoyé en un outil de blocage.

Dans ce contexte, comment faire et que faire ?

Sur la méthode, le long chemin de la parité dans la haute fonction publique est riche d’enseignements : il nous apprend que non seulement cette politique doit être portée au sommet pour devenir une priorité des administrations mais, surtout, que seul un dispositif fixant des règles contraignantes et contrôlées est à-même de produire des résultats tangibles.

Sur les actions, des avancées significatives peuvent être atteintes rapidement :

Instaurer un dispositif de mesure de la diversité dans la haute fonction publique en généralisant à toutes les administrations l’expérimentation de l’indicateur de diversité socioculturelle récemment lancée par le gouvernement et en rendre public les résultats.

Augmenter les nominations aux responsabilités les plus élevées (préfets, ambassadeurs…etc.) et aux postes d’encadrement à travers la mise en place d’un vivier de talents de hauts fonctionnaires mais également de cadres contractuels en lien avec la nouvelle Délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’Etat.

Multiplier les voies de concours spécifiques « Talents » dans toutes les écoles formant les catégories A et A+ de la fonction publique sur le modèle du dispositif actuel de l’Institut National du Service Public (INSP) et doubler le nombre de places qui est dédié à cette voie (de 15% à 30%).

Diversifier les membres des jurys des concours via la création d’un répertoire de personnalités qualifiées et diversifiées.

Nous sommes convaincus que notre haute fonction publique dispose d’ores et déjà de nombreux leviers qui ne demandent qu’à être pleinement mobilisés. De l’ambition à l’action, il n’y a qu’un pas : notre volonté !